samedi 30 septembre 2017

Y a pas que l'argent qui compte !

De nombreuses études ont montré que ce n'est pas l'argent qui rend heureux ... du moment qu'on dépasse un seuil plancher qui permette de vivre en sécurité et décemment avec sa famille.

Cependant, à la fois en tant que consommateur et que travailleur tout notre environnement et dans beaucoup d'organisation, on ramène tout à l'argent et la plupart des incitations sont financières :

  • gagner plus (soit parce qu'on n'a pas le choix pour vivre décemment, soit parce que ça devient une fuite en avant)
  • acheter le moins cher possible (soit parce qu'on n'a pas le choix, soit parce que ça devient un jeu)


Je vous propose ci-dessous un diaporama inspiré de ma lecture du livre "Pourquoi on travaille" de Barry Schwartz (que je vous conseille vivement) pour prendre conscience qu'il se joue beaucoup plus dans nos actes d'achats et dans le travail. Pour trouver des alternatives aux incitations et motivations centrées sur l'argent. Je prévois un jour prochain d'en faire également une version sous forme de vidéo commentée.



mardi 26 septembre 2017

L'humilité en 3 verbes cardinaux

L'humilité n'est pas forcément bien comprise. L'humilité, ce n'est pas se cacher sous la table, considérer qu'on est peu de choses par rapport aux autres, que ce serait flagornerie d'accepter les compliments.

En réalité, l'humilité est compatible avec une l'assertivité, l'affirmation de soi. Un soi authentique qui apprécie à la fois les qualités et les contributions d'autrui, et à la fois ses propres qualités et contributions : sur ce que je suis, sur ce que j'ai et sur ce que j'ai fait et les résultats.
L'humilité, c'est se voir soi-même de manière réaliste.



Quelques fois, on la confond avec la modestie. L'humilité est d'abord un état intérieur. C'est ne pas se mentir, être honnête avec soi-même, dans l'acceptation bienveillante, dans une conscience juste de l'écart entre ce qu'on est et ses aspirations. La modestie étant l'expression de l'humilité. On peut donc être modeste en reconnaissant à la fois les contributions d'autrui et sa propre contribution. La modestie c'est bel et bien d'accepter des compliments justes à son égard en manifestant sa reconnaissance pour les autres contributeurs.

Humilité et modestie sont équilibre. En parlant de modestie, les deux excès opposés par rapport à cet équilibre sont d'une part la fausse modestie qui relève en réalité d'un ego surdimensionné et d'autre part la modestie excessive qui fait montre d'un ego sous-dimensionné.

Reconnaître à soi-même justement sa propre contribution à un résultat collectif est humilité si par ailleurs, elle s'accompagne de la conscience, de l'appréciation et de l'expression de la reconnaissance des contributions des autres personnes impliquées.

Je vous propose ci-dessous un diaporama exprimant ce en quoi l'humilité peut se décliner à travers 3 verbes cardinaux : être, avoir et faire.

mercredi 20 septembre 2017

Se recentrer sur l'ici et maintenant

Quand nous sommes engagés dans une activité qui nécessite de la concentration et qu'on la mobilise pleinement, notre cerveau n'a pas trop la place ni le temps de se fixer sur autre chose, en particulier sur des pensées négatives. D'ailleurs, il peut être tellement mobilisé, qu'on peut perdre conscience des signaux de faim, de soif, de température, de luminosité, ...

C'est un état que Mihály Csíkszentmihályi, un des fondateurs de la psychologie positive nomme "flow" ("flux" en français ou expérience optimale).

Quand nous ne sommes pas dans une activité, ou alors engagés partiellement mentalement, nous avons souvent des pensées qui s'enchaînent. Parmi ces pensées, il y a bien évidemment des pensées négatives qui créent tension, stress sur nous et potentiellement aussi sur nos proches par contamination ou du fait de l'impact de nos pensées sur nos émotions puis sur nos comportements.

Nous avons besoin de moments où on peut lâcher prise avec nos pensées. C'est un des objectifs de la méditation en pleine conscience.

Voici ci-dessous un schéma sur la façon dont je vois l'enjeu et l'idée du lâcher prise par rapport aux pensées négatives :


Quand on est dans la confusion, le doute, la rumination notre cerveau à tendance automatiquement à embrayer et à faire défiler des pensées négatives, voire de boucler sur les mêmes pensées.
J'ai choisi la métaphore d'une coupe qui serait retournée (partie convexe dessus). Si vous placez une bille au sommet de cette coupe, invariablement elle va être entraînée vers l'extérieur. J'ai positionné 4 grandes tendances de pensées positives, mais on pourrait certainement en voir d'autres. Les 4 que j'ai retenues ici sont les pensées vers l'avenir, celles vers le passée, celles sur soi et celles sur les autres.

Quand on fait l'effort de vouloir lâcher prise et qu'on n'est pas expérimenté pour le faire, on replace la bille au centre; on veut se débarrasser de ses pensées négatives, mais bien vite, voire bien trop vite, les pensées reviennent, la bille dégringole du haut de la coupe renversée.

La méditation en pleine conscience consiste à se centrer sur l'ici et maintenant. Il ne s'agit pas de chasser les pensées, de s'interdire de les avoir. Il s'agit de se concentrer sur sa respiration, sur le moment présent, et si une pensée traverse l'esprit, on ramène tranquillement son attention au centre. Dans mon esprit, quand on est expérimenté en méditation en pleine conscience, le recentrage est beaucoup plus efficace, un peu comme si la coupe était cette fois ouverte (partie concave dessus). La bille placée sur le bord de la coupe va rejoindre sans effort le centre de la coupe.

Vous allez peut-être me dire : "Et pour les pensées positives ?". On a aussi besoin de lâcher prise par rapport à ses pensées, même quand elles sont positives. En particulier si elles défilent de manière incessantes, par exemple si on est engagé dans un projet excitant. Certaines personnes ont du mal à trouver le sommeil. Ce n'est pas forcément du fait de pensées négatives. Il peut y avoir aussi l'excitation du lendemain ou des jours à venir qui peut venir altérer le sommeil et on a toutes et tous besoin de sommeil. Quand le sommeil est altéré une ou deux nuits par ci par là, ce n'est pas un problème. Par contre, ce n'est pas le cas si cela devient chronique.

Ce qui me permet de dire que les risques à la santé psychique et physique, s'ils sont bien évidemment le plus souvent liés aux pensées et émotions négatives, peuvent aussi se trouver quand les pensées positives créent de la surchauffe parce que le cerveau n'a plus de répit. Et dans ce cas de figure, c'est souvent associé à des situations de sur-engagement, où on ne prend plus (ou moins) attention à son alimentation, à recharger les batteries, à son activité physique. Il y a donc en quelque sorte une conjugaison de facteurs qui accélèrent la dégradation de l'état de santé.

Se ménager des temps pour être ici et maintenant, pour apprécier, pour ressentir de la gratitude, pour l'exprimer. C'est à la fois un ingrédient du bonheur et c'est le bonheur; parce qu'il est là le bonheur.



jeudi 7 septembre 2017

Le cercle vertueux Attention-Conscience-Responsabilité

Cette été, je me suis donné l'intention de présenter à la rentrée sur ce blog l'idée d'un cercle vertueux (ou spirale ascendante) Attention-Conscience-Responsabilité.
Hier soir, j'ai vu une bonne partie de l'émission "SOS cantine : les chefs contre-attaquent" sur M6.


J'y ai vu de quoi illustrer ce cercle vertueux et l'occasion m'est donc donnée de concrétiser mon intention.

Je vous résume en quelques mots le contenu de l'émission. 4 chefs médiatiques se rendent dans deux cantines du Nord de la France décidés à contre-attaquer face à la qualité médiocre des aliments servis aux enfants. La première partie de l'émission met en évidence que la responsabilité de cette médiocrité avérée est diluée entre plusieurs acteurs, chacun regrettant qu'on en soit arrivé là, mais dans l'impuissance et la fatalité par rapport à d'hypothétiques alternatives. Je liste rapidement les actrices et acteurs : le médecin nutritionniste (dont le rôle s'arrête à l'examen d'un menu sur papier), les cantinières (non professionnelles de la cuisine, en charge de réchauffer les plats et s'assurer de la bonne température des plats), les personnels de la cuisine centrale qui préparent 3200 repas par jour (en fait il s'agit essentiellement d'assemblage et non de cuisine), le responsable de la cuisine centrale (en intendant à la recherche du moins disant pour ne pas dépasser 1,49€ de matière première par repas), les maires des deux communes concernées (avec une logique très comptable des choses).

Je liste maintenant la multitude et la diversité des conséquences néfastes d'un modèle clairement perdant-perdant :

  • les enfants mangent des aliments dont la qualité nutritionnelle est insuffisante
  • les enfants ne sont pas satisfaits
  • par voie de conséquence, 70% des aliments servis sont ensuite jetés
  • les personnels (cantinières, professionnels de la cuisine dans la cuisine centrale) ne sont pas fiers de ce qu'ils font. Pour les cuisiniers professionnels, il y a le sentiment de ne plus faire le métier qu'ils ont appris
  • on constate que les intitulés de plats dans les menus sont mensongers par rapport au contenu réel (ex : des tomates farcies "pur bœuf" dont en réalité le bœuf est en queue de peloton des ingrédients, après notamment de la peau de dinde)
  • certains parents pensent pouvoir se permettre de ne pas donner de légumes à leurs enfants aux repas hors scolarité puisque leurs enfants en mangent à la cantine ... ce qui n'est pas le cas. D'ailleurs, au grand même en mangeraient-ils, vue la pauvreté nutritionnelle de ces aliments en conserve ou congelés, cela ne ne changerait pas grand chose au problème
  • A noter aussi le dommage collatéral suivant : les légumes servis sont tellement insipides que les enfants s'en détournent nettement, sachant que l'on sait bien la difficulté qu'il y a à leur en faire manger même quand ils sont frais (je me demande en passant, si cette "vérité" qui existe depuis quelques générations n'est tout simplement pas liée au fait que cela fait un sacré moment que les légumes servis en cantine sont insipides, et j'en parle d'expérience puisque moi-même j'ai souvenir de la qualité médiocre des repas des cantines dans ma jeunesse).
  • Je n'imagine pas bien que les élus puissent être satisfaits une fois qu'ils sont sortis de la logique comptable
  • Le médecin nutritionniste étant appelé à jouer un rôle minimaliste, je n'imagine pas non plus qu'il puisse se satisfaire d'être un garant aussi peu actif dans ce modèle.
  • Le gigantisme de la fabrication tire la qualité des repas vers le bas
On arrive à un paradoxe : les enfants sont assurés de manger des aliments à la bonne température qui ne les feront pas tomber malade (du fait des normes draconienne en matière d'hygiène). Seulement ces aliments sont des ANINN (Aliments Non Identifiés et Non Nourrissants) voire même plus crûment : de la merde.

Les 4 chefs sont donc partis en exploration pour comprendre les processus et les responsabilités. Ils ont été dans l'ATTENTION. Ils ont pris CONSCIENCE de ce qui se joue, ont cherché à comprendre les RESPONSABILITES, puis ont mis face à leurs responsabilités ceux qui pouvaient initier et décider le changement : les maires. Nous retrouvons les 3 dimensions du cercle vertueux.


Le point de départ de ce cercle est l'ATTENTION. L'attention me tient à cœur car non seulement elle est le point de départ de ce cercle, mais elle est aussi le point de départ du processus de gratitude que j'ai présenté dans l'article "Merci !" naît de l'attention, avec un feu d'artifice d'émotions positives.

Continuons l'analyse de cette émission. En réalité, l'attention portée par les 4 chefs dans un premier temps a été insuffisante, et on s'en aperçoit quand ils obtiennent le feu vert des deux maires pour expérimenter un modèle plus vertueux. Leur première tentative est un semi échec dans la mesure où ils n'ont pas suffisamment porté attention à 3 aspects :

  • l'enjeu que représente la quantité de repas (ils s'attaquent au départ à la moitié des repas de la cantine centrale, à savoir 1 600)
  • le coût des matières premières
  • la difficulté à faire apprécier aux enfants des produits qu'ils ne connaissent pas
Mais c'est bien l'attention aux conséquences de leurs actions qui leur ont permis de prendre conscience de ces dimensions puis de se responsabiliser sur des dimensions qu'ils avaient sous-estimées (dont l'enjeu financier). C'est ce qui leur a permis ensuite de rectifier le tir, en passant par une phase d'attention plus profonde (le cercle qui se referme responsabilité ==> attention), en particulier sur les savoir-faire des personnels de cuisine, en particulier pour la cuisine de grandes quantités.

Cette forme d'attention a permis de fluidifier les relations car, pendant la première phase, les 4 chefs sont en réalité intervenus comme des jugeants et des donneurs de leçons; ce qui a figé des postures, en particulier avec les maires et le responsable de la cuisine centrale.

J'arrête là mon analyse qui pourraient être poussée plus en avant car cette émission m'a fourni un certain nombre de fils à tirer, à tel point que m'est venue la pensée suivante : 



Pour en revenir à mon cercle vertueux, j'explicite maintenant l'enchaînement de ces trois phases.

une ATTENTION que l'on porte à une situation, à une ou plusieurs personnes permet de prendre CONSCIENCE d'aspects, de mécanismes non vus, invisibles ou sur lesquels on ne s'était jamais arrêté. Cette prise de conscience permet souvent alors d'activer sa propre RESPONSABILITE et éventuellement engage à aller inciter autrui ou un groupe à prendre ses RESPONSABILITES par ailleurs.
Dès lors qu'on engage plus sa responsabilité, on a une ATTENTION plus forte, plus fréquente, plus aiguisée aux situations et à autrui. C'est ainsi que la spirale ascendante se développe.

Une spirale ascendante au service de modèles gagnant-gagnant, car les modèles gagnant-gagnant nécessitent de porter attention mutuellement les uns aux autres, ce qui renvoie à l'idée d'Attention Réciproque que j'ai développée sur laqvt.fr dans les articles Les enjeux de l’Attention Réciproque et Concrétiser l’Attention Réciproque.


dimanche 3 septembre 2017