mercredi 18 octobre 2023

La gratitude et la bienveillance, ça nous sied vraiment bien


Voici 4 verbes autour de la gratitude et de la bienveillance, 4 verbes rimant en "cier".

Il y a 3 premiers verbes qui se conçoivent en séquence :

  1. Bénéficier : prendre conscience de tout ce que l'on nous donne
  2. Apprécier : après en avoir pris conscience, on peut apprécier ces dons multiples et variés, au quotidien
  3. Remercier : il s'agit d'une double dynamique, intérieure et extérieure : ressentir la gratitude puis l'exprimer.
Le 4ème verbe - Associer - vise à étendre le champs de la gratitude. En effet, la gratitude est tournée vers l'extérieur de soi. Associer aussi sa propre contribution à une situation dans laquelle on remercie autre que soi est une façon de trouver un juste équilibre entre deux tendances extrêmes opposées :
  • considérer que tout nous est dû, qu'on s'est fait tout seul, qu'on n'a besoin de personne, avec un ego, une confiance en soi et une estime de soi surdimensionnés,
  • une modestie extrême et/ou un ego, une confiance et une estime de soi au ras des pâquerettes.
Dans la suite, je vais donner quelques précisions sur chacun de ces verbes.

1/ Bénéficier

Quel est le premier geste que vous faites le matin en vous réveillant ? Souvent ça commence par faire appel à la fée électricité, et particulièrement : allumer la lumière. Un geste bien banal suivi par un autre geste tout aussi banal : prendre une douche chaude, un café chaud, peut-être aussi du pain encore un peu chaud.
Autant de petits gestes qu'on serait bien incapable de gérer en totale autonomie.
Et même pour celles et ceux qui sont équipés de panneaux solaires, je ne m'avancerai guère en supposant qu'ils ont acheté les équipements et que fort probablement ils leur ont été installés.

Evidemment, on peut me dire qu'on paye assez cher l'électricité pour, en plus, avoir à remercier. Et pourtant, celles et ceux qui ont connu ou connaissent de longues heures de coupure d'électricité, des problèmes d'alimentation en eau potable, savent qu'en période de disette on prend conscience de la grande chance de bénéficier de ce confort des temps modernes (à l'échelle de l'histoire de l'humanité). C'est un peu comme la santé : c'est seulement quand on est malade qu'on prend conscience de l'importance d'être en bonne santé.

Dans mon bureau est affichée une carte postale que l'on m'a offerte, illustrée non pas avec un paysage, mais avec une pensée sur le bonheur : "Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce que l'on possède".
Dans le même esprit, en voici une autre qui m'est inspirée par le sujet de cet article :
"Le bonheur, c'est de prendre conscience de ce dont on bénéficie et de continuer à le désirer et à remercier".

On bénéficie de quoi et par qui ? Il y a une multitude de choses du quotidien pour lesquelles on peut prendre conscience qu'on est bien servi, nonobstant les plus ou moins nombreux et graves désagréments, malchances, absences de bienveillance et malveillances dont on est le sujet. En voici quelques uns, bien loin d'être exhaustifs :

  • bénéficier d'une bonne santé, et idem pour ses proches,
  • bénéficier de conditions où l'on se sent en sécurité,
  • bénéficier d'un toit sur la tête,
  • bénéficier d'un entourage bienveillant,
  • bénéficier d'un travail,
  • bénéficier d'un travail justement rémunéré,
  • bénéficier d'un travail exaltant,
  • bénéficier d'une indemnité chômage, sachant que par ailleurs on a été licencié,
  • avoir rencontré l'amour de sa vie,
  • bénéficier de l'amour d'un animal de compagnie,
  • bénéficier d'un voisinage paisible, convivial, ...
  • bénéficier du système de sécurité sociale français, malgré les tracas que cela peut poser par ailleurs, notamment pour obtenir des rendez-vous rapidement avec des spécialistes,
  • bénéficier d'un jardin, et bénéficier des récoltes du potager,
  • bénéficier d'un climat tempéré,
  • bénéficier d'une aide par l'entourage amical pour bricoler chez soi,
  • bénéficier du soutien moral de l'entourage amical,
  • bénéficier de la nourriture distribuée par une association humanitaire,
  • bénéficier de la présence d'un marché de producteurs locaux à proximité,
  • bénéficier des nombreuses activités culturelles proposées à proximité,
  • bénéficier de la possibilité de communiquer avec presque n'importe qui à presque n'importe quel endroit de la planète,
  • bénéficier de tous les bienfaits de Dame Nature,
  • et puis pour revenir au début de cette section : bénéficier de l'électricité, de l'eau potable, du chauffage en hiver,
  • etc.,
La conscience de bénéficier de telle ou telle chose s'accentue d'autant plus qu'elle est menée en comparaison avec celles et ceux qui en sont empêchés, exclus, ... Exemple : "J'ai la chance de vivre dans un pays démocratique par rapport à ceux qui vivent sous des dictatures et n'ont pas possibilité d'exprimer des opinions politiques différentes du pouvoir en place".

2/ Apprécier

Quand on arrive à mettre plus de conscience, de présence et d'attention sur ce dont on bénéficie (d'agréable) dans sa vie alors naturellement, on est amené à l'apprécier. 

"Apprécier" mérite d'être entendu dans le sens "donner de la valeur", donner plus de valeur par rapport à ce qu'on a pu négliger auparavant, ce qu'on a pu trouver comme un dû, comme normal.

L'appréciation mérite aussi d'être considérée comme l'émotion positive régulant le mieux le rythme cardiaque (cf le livre "Merci !" de Robert Emmons, spécialiste mondial du sujet de la gratitude). Autrement dit : non seulement l'appréciation est une émotion agréable bonne pour notre moral, mais aussi, elle est facteur de bonne santé physique.

Alors, ça serait franchement dommage de s'en priver, et surtout par manque de temps.

3/ Remercier

Je vous propose d'entendre le mot "remercier" dans un sens plus large : celui de la gratitude considérée à la fois comme une émotion positive et à la fois comme un geste de remerciement envers la source de ce dont on bénéficie. 

Autrement dit, il y a une dimension intérieure et une dimension extérieure.

Je fais partie d'une génération qui a appris la gratitude dans sa seule dimension extérieure. Celle qui combine politesse et justice (un juste retour des choses à exprimer). Une conception que j'appelle "Dis merci à la dame !" ou "On dit quoi ?".

Je trouve fort heureux que le développement de la psychologie positive ait mis en évidence le pouvoir extraordinaire de la gratitude, et notamment le pouvoir de se faire du bien à soi-même au-delà de faire du bien à autrui en le remerciant.

Un autre enseignement met en évidence une capacité que certains d'entre nous doivent développer : celle d'accepter et d'accueillir chaleureusement les remerciements. Car le mauvais accueil d'un remerciement peut avoir un effet délétère : celui d'annihiler les élans d'expression de la gratitude façon "chat échaudé craint l'eau froide".

Je renvoie à mes deux schémas de modélisation de la gratitude et au journal de gratitude Agir qui permet de cultiver cette séquence de 3 verbes. Je donne ci-dessous un de ces deux schémas :




4/ Associer

Dans les situations de vie auxquelles nous sommes confrontées, dans les différentes sphères de vie, on peut considérer être complètement redevable de l'extérieur à soi, ou inversement en totale autonomie, et puis les situations où il y a la combinaison d'une contribution externe et de sa propre contribution.

Et donc pour ce dernier cas de figure, si l'on valorise la dynamique de remercier la contribution externe, il me semble aussi sain de valoriser sa propre contribution auprès de soi-même, sans flagornerie aucune, mais pour cultiver l'estime de soi, la confiance en soi, la fierté du travail bien fait, sa bonne humeur.

Associer sa propre contribution peut prendre plusieurs sources : énergie déployée, prouesse physique, technique, intellectuelle, fluidité, résultat, avoir su résister à la tentation de la facilité, avoir franchi un obstacle, dépassé un blocage, se sentir relié avec ses aspirations les plus profondes.

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