dimanche 9 avril 2017

Le sens de l'essentiel pour les échéances électorales qui se rapprochent

Le 23 février dernier, je publiais sur ce blog l'article Et si tout ce dont j'ai réellement besoin était déjà là ? dans lequel je faisais référence aux 14 besoins fondamentaux du modèle proposé par Virginia Henderson en 1947. Elle était infirmière, enseignante et chercheuse américaine.

Je les redonne ci-dessous :
L'élection présidentielle est dans deux  semaines, puis viendront les élections législatives.

J'ai décidé de partager avec vous ma réflexion par rapport à ce que nous pourrions attendre des programmes et des candidats.

D'abord en une phrase "Centrer nos réflexions et nos actions par rapport aux besoins fondamentaux des êtres humains".

Je dis bien des êtres humains et pas seulement des françaises et des français. Car le bonheur des uns ne devrait pas se construire dans l'ignorance ou sur le dos des personnes qui n'ont pas le même modèle de Carte Nationale  d'Identité ou de passeport.

Quels sont ces besoins fondamentaux ?

Je vais m'arrêter sur les deux premiers du modèle de Virginia Henderson qui en réalité fait référence à trois besoins : respirer, boire et manger. Je pourrais aussi en prendre d'autres dans la liste, mais ces trois premiers suffiront dans un premier temps pour évoquer l'idée de fond.

Respirer

Respirer nous semble tellement évident, facile, implicite, dû qu'on oublie facilement des évidences et quelques constats :

  • il ne peut pas survivre à plus de 3 minutes sans respirer (variable selon ses capacités pulmonaires)
  • la pollution dans le villes accroît les allergies et les crises d'asthme
  • dans certaines vallées alpines, le taux de pollution est inquiétant et récurrent; je vous engage à utiliser votre moteur de recherche préféré sur internet pour voir l'abondante matière sur le sujet
  • pour sortir de l'hexagone, nous avons probablement tous vu des images montrant la pollution dans les grandes métropoles chinoises et la population qui doit circuler avec des masques sur le visage.
La priorité N° 1 devrait être d'assurer à toutes et à tous de pouvoir respirer dans de bonnes conditions et de ne pas prendre de risque pour sa santé dans ce geste basique : la respiration

Boire

Avez-vous conscience que personne ne peut survivre sans boire au-delà de 3 jours (là aussi ,c'est une moyenne qui dépend de l'individu et de l'environnement où l'on se trouve) ?

L'eau comme l'air sont des biens communs dont nous sommes collectivement dépositaires vis-à-vis des générations futures.

Une autre priorité N°1 devrait être de faire de l'eau un bien commun, gestion à partager avec toutes les autres personnes de la planètes, avec tous les Etats de la planète. L'eau ne devrait pas être une marchandise et ne devrait pas donner lieu à profits.

Se nourrir

Pour la nourriture, on a un peu plus de marge : environ 30 jours en moyenne.
Les 3 chiffres que j'ai évoqué reprennent ce que certains appellent "la règle des 3" : la vie s'arrête au bout de 3 minutes sans respirer ou 3 jours sans boire ou 30 jours sans manger.

A l'instar de l'air et de l'eau, il faut considérer ce besoin, comme celui de la survie.
Mais pas seulement : l'air, l'eau et les aliments que nous consommons ne doivent pas créer  à court, moyen ou long terme des dégâts pour notre santé. Et l'enjeu essentiel est donc sur deux dimensions : survie et préservation de la santé.

Une autre priorité N°1 est donc que chacune et chacun puisse manger pour survivre et préserver sa santé.

Quelques mots sur le "comment"

Dans la plupart des pays démocratiques, nous procédons à travers notre vote à une délégation de pouvoirs. C'est la cas en France : nous élisons un-e Président-e, des député-e-s, (indirectement des sénatrices et sénateurs), des conseillères et conseillers régionaux, des conseillères et conseillers départementaux, des conseillères et conseillers municipaux.

Dans le monde du travail, où la démocratie est assez balbutiante, nous élisons des délégué-e-s du personnel, des membres du CE. Dans les coopératives, on élit des administratrices et administrateurs.

A tous les niveaux, par notre vote, et d'une certaine manière, nous donnons notre pouvoir à une personne ou un groupe de personnes qui pendant une période donnée vont prendre des décisions et mener des actions. Et ce, bien souvent, sans concertation.

En simplifiant, par notre vote, non seulement nous donnons notre pouvoir, mais en quelque sorte nous abandonnons notre pouvoir. Nous le récupérons le temps de nous trouver dans un bureau de vote pour l'élection suivante et quelques heures après nous l'avons abandonné une nouvelle fois.

De mon point de vue, ce système, qui se reproduit depuis des années, a deux gros inconvénients :
  • donner un pouvoir à des personnes qui deviennent des professionnels de ce pouvoir et qui pour certains les déconnectent des réalités et leur font prendre la grosse tête; pouvoir qu'ils ne peuvent plus quitter dans une logique de "la fin justifie les moyens"
  • mettre l'électeur et citoyen dans un rôle de consommateur : je veux dire par là que la responsabilité est transférée au politique et il est attendu de lui qu'il fasse tout; et quand ça n'est pas à la hauteur des attentes et des promesses (souvent légères), il se plaint et se dit, au mieux qu'il va voter la prochaine fois pour quelqu'un d'autres, au pire se dire que les politiques sont tous pourris et basculer dans l'indifférence, le cynisme, le fatalisme ou l'amertume.
Je trouve qu'il est  temps de passer à une démocratie carrément participative qui mette chacune et chacun dans la co-responsabilité, et par exemple déjà sur l'essentiel : sur la gestion de l'air, de l'eau et de notre nourriture.

Vous allez peut-être me dire : "Quel lien avec le bonheur, puisque c'est le sujet de votre blog ?".

Pour moi, il est clair : le bonheur se nourrit de petits riens ... à partir du moment où nous pouvons nous donner collectivement et individuellement l'essentiel. 
Plusieurs études ont confirmé l'adage "l'argent ne fait pas le bonheur" ... avec la précision suivante : au-delà d'un seuil plancher, celui qui nous fait avoir l'essentiel pour vivre en bonne santé (respirer, boire, manger) et aussi avoir un toit sur la tête.

Et pour rebondir sur le titre de mon article du 23 février : et si l'enjeu essentiel des prochaines élections était que la démocratie à laquelle on aspire devrait nous permettre de co-gérer ce dont nous avons réellement besoin, en tant que communs, et de cultiver l'appréciation et la gratitude par rapport à cette sobriété que Pierre Rahbi appelle la "sobriété heureuse".

Sur le sujet politique et bonheur, je rappelle que la Fabrique Spinoza a interpellé les candidations à l'élection présidentielle à travers 14 propositions.

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