lundi 23 septembre 2019

Aligner "pourquoi", "quoi" et "comment", sous le signe de la bienveillance

Ce lundi 23 septembre 2019 pourrait être une date capitale pour la biosphère (ensemble des organismes vivants - dont les êtres humains - et leurs milieux de vie) : les Chefs d'Etat ont été invités instamment par António Guterres, Secrétaire général de l'ONU, à faire des propositions concrètes pour faire face à l'emballement climatique. Une conférence climat est organisée ce jour au siège de l'ONU à New-York. A cette occasion, le GIEC présentera un nouveau rapport sur le sujet du réchauffement climatique.

L'enjeu est de taille : réduire de manière importante l'impact des activités humaines sur le climat. Et pour ce faire, et vu l'urgence, il est nécessaire selon moi que les sociétés et les individus changent de paradigme et organisent leurs pensées, leurs paroles et leurs actes autour de l'idée de bienveillance : nous, êtres humains et autres qu'humains, habitons la même maison ; nous faisons partie d'une même grande famille et il s'agit à la fois de réparer la maison et d'en faire usage de la meilleure façon pour qu'elle ne se désagrège pas à une vitesse incroyablement plus grande que celle des générations précédentes, dans une forme de boulimie autodestructrice, faisant fi des générations futures et même des générations présentes. Autre enjeu : qu'elle n'extermine pas une partie de ces habitants.

Je vous propose le schéma suivant (1) pour introduire 4 axes de bienveillance (modèle de ma conception dit "bienveillance à 360°") :


Il s'agit donc d'exercer une bienveillance de manière conjuguée et indissociable vis-à-vis
  • de soi-même, 
  • de la nature, 
  • d'autrui 
  • et des collectifs et communautés auxquels on appartient. 
Bienveillance à comprendre au sens BienVeillance, à savoir veiller au bien, dans les intentions, dans les décisions et aussi dans les actes. La bienveillance ne peut être sans acte.

Une telle bienveillance appelle à une juste conscience sur 3 dimensions :
  • la réalité de la situation de la planète et de nos sociétés, sans déni ; en écoutant les scientifiques qui rapportent leurs observations, y compris avant qu'elles ne fassent consensus au sein d'organismes comme le GIEC (ce qui prend du temps), en faisant vivre judicieusement le principe de précaution, d'autant plus quand cela n'impacte que notre confort et notre frénésie consommatrice ;
  • les impacts de nos comportements, en sachant interroger tous nos comportements, les plus banals (allumer une lampe, acheter des oignons qui viennent de Nouvelle Zélande, ...), ceux qui vont dans le sens de la facilité, voire de la fainéantise (motorisation des volets, portails, prendre sa voiture pour quelques centaines de mètres, ...), ceux qui relèvent d'une recherche de la meilleure affaire possible ou du moins cher, ceux de l'accumulation de gadgets, ... ;
  • nos responsabilités individuelle et collectives : celle de peser sur les autorités pour faire bouger les politiques publiques et celle de jouer nos rôles (chacun de nous en a plusieurs) dans les différentes sphères de vie, en veillant à la bien-portance des écosystèmes selon les 4 axes présentés précédemment.
Un changement de paradigme qui doit nous aider à un diagnostic des activités humaines, y compris donc nos propres comportements et à la coconstruction d'un nouveau rapport de l'être humain avec la nature et avec ses semblables. On peut le faire autour de 3 questions fondamentales :
  • Pourquoi on fait les choses (pourquoi voudrait-on les faire) ?
  • Que fait-on (que voulons-nous faire) ?
  • Comment fait-on les choses (comment voudrait-on les faire) ?
J'attire l'attention sur le "comment" : je constate que bien des projets "vertueux" sur le "pourquoi" et le "quoi" font l'impasse sur le questionnement du "comment" et reproduisent exactement les mêmes façons de faire que les modèles archaïques et/ou vicieux dont ils seraient des alternatives. Dit autrement, on veut fabriquer le paradis en utilisant des façons de faire délétères. 

Quand je dis "délétère", je veux en distinguer deux types, ce qui me permettra de présenter la 2ème caractéristique principale du modèle de bienveillance 360 : 
  • la malveillance : tension, agressivité voire violence (physique ou/et psychologique), gestes obscènes, ...
  • l'absence de bienveillance : souvent due au manque de temps, à un sentiment d'urgence ou à une prégnance du projet par rapport à l'individu; l'absence de bienveillance se traduit par un déficit de reconnaissance, de convivialité, de feedback (rétroaction), de soutien en cas de difficulté, de considération ; en quelque sorte, l'individu avec ses aspirations et ses attentes, se sent oublié, voire inexistant
Autrement dit : la bienveillance n'est pas une valeur binaire dont l'antivaleur serait la malveillance. En réalité, nos écosystèmes et nos sociétés souffrent à la fois de malveillance et à la fois d'absence de bienveillance, sachant que la 2ème peut avoir des impacts négatifs encore plus grands que la 1ère, d'autant plus qu'elle est plus banale et qu'elle fait l'objet de moins de culpabilisation et d'actions pour y remédier.

Si on veut construire un monde plus bienveillant, il faut le faire de manière bienveillante. Et de ce point de vue, on apprend en marchant, sinon la bienveillance ne reste qu'une vague idée, valeur dépourvue de substance et de chair. Il faut que les personnes qui utilisent le mot, qui en font la promotion puissent l'incarner avec détermination et avec humilité, car (presque) personne n'est exemplaire (certainement pas moi), au même titre que (presque) personne n'est exemplaire par rapport à son empreinte écologique (pas moi non plus).

Une bienveillance à 360° sur le "pourquoi", le "quoi" et le "comment" pour aborder ce changement de paradigme auquel nous ne pouvons plus nous soustraire, et qui suscitera, je l'espère, de beaux élans d'enthousiasme plutôt que d'y aller à reculons

Choisissons un monde de demain bienveillant plutôt que de nous en voir imposer un malveillant par un emballement climatique qui surviendrait dans des sociétés centrées sur la compétition, l'individualisme et la défense du territoire et des ressources.

(1) Ce schéma à 4 axes présentant l'inconvénient d'une séparation entre l'être humain et la nature, j'en ai conçu également un autre en intégrant la nature dans chacun des 3 autres axes : 
  • la nature est en moi (je suis un organisme vivant comme un autre avec des cellules)
  • "autrui" peut être humain comme autre qu'humain ; celles et ceux qui ont des animaux domestiques le comprendront bien ; idem pour celles et ceux qui ont des rapports étroits avec leurs plantes
  • les collectifs et communautés ne sont pas qu'humains : ils peuvent être aussi inter-espèces. On peut ainsi aussi ajouter aux collectifs et communautés les communs
Ce qui donne le schéma revisité suivant :


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