jeudi 13 avril 2023

Bien-être et Mal-être en ACTions - Episode 1

J'ouvre ici une série d'articles en plusieurs épisodes autour de ce que la réalisation d'actions peut générer en terme de bien-être et de mal-être, les enjeux que posent les éventuelles ambivalences, en croisant plusieurs sources d'inspiration (1).

Que ce soit dans la vie professionnelle ou dans les autres sphères de vie, nous pouvons tirer satisfaction de la réalisation de nos actions selon deux grands facteurs (il y a d'autres facteurs par ailleurs, mais je veux ici mettre en regard ces deux, particulièrement importants) :

  1. le bon avancement, les progrès réalisés, l'atteinte des objectifs ;
  2. ou/et le sentiment d'alignement avec nos valeurs, avec nos aspirations les plus profondes.
ET inversement on peut ressentir de l'inconfort, de la douleur, de la souffrance, du mal-être selon les deux mêmes facteurs en effet miroir :
  1. la stagnation, voire le recul dans la réalisation, la non atteinte des objectifs ;
  2. ou/et le non alignement avec nos valeurs, avec nos aspirations les plus profondes, que cela soit de manière consciente ou inconsciente.
Figure 1 : Avancement + Alignement


Dans beaucoup de cas, l'avancement porte sur le QUOI et l'alignement avec les valeurs porte sur le COMMENT. La dissonance pouvant se manifester quand les moyens et les méthodes pour réaliser les actions ne sont pas alignées avec les valeurs, que ce soit de manière inconsciente ou consciente. Quand elle est consciente, elle peut être assumée (pragmatisme, voire cynisme) ou subie.

Dans notre société du "Faire" et même du "Faire vite", nous pouvons tous observer sur nous-mêmes et sur autrui que le focus est porté sur le premier facteur : l'avancement. Trois raisons y contribuent :
  • la suivi de projet dans le monde du travail et le contrôle de gestion instaurent des points d'avancement qui peuvent générer bien-être ou/et mal-être (plus souvent le mal-être par la pression des résultats et le diktat de l'urgence) ;
  • et inversement, l'alignement sur les valeurs n'est quasiment jamais considéré ni comme un objectif, ni comme un enjeu, à la fois de l'efficacité de l'action et du bien-être de l'individu ;
  • par ailleurs, les droit à l'erreur et droit à l'expérimentation sont très peu cultivés, renvoyant tout parcours non linéaire, sinusoïdal à une anomalie, un dysfonctionnement, une sortie de route ; avec à la clé culpabilisation et auto culpabilisation.
Donc, nous vivons dans un monde qui voit et vit la satisfaction et le contentement essentiellement à travers l'avancement, la réussite et très peu sur la résonance avec les valeurs. Et en effet miroir, l'inconfort et la souffrance sont considérées essentiellement comme la conséquence du non avancement, du recul ou de l'échec des actions.

Pourtant il y a grande importance selon moi à considérer de manière indissociable ces deux facteurs de bien-être et mal-être, et à donner toute sa place au 2ème facteur - l'alignement avec les valeurs - :
  • en terme de bien-être, le fait d'apprécier les actions où l'on peut se sentir aligné permet d'amortir le mal-être ressenti quand ces actions n'ont pas produit les résultats escomptés ou n'ont pas avancé comme espéré ; il y a ici un cousinage avec la phrase apparemment faussement attribuée à Pierre de Coubertin "Le principal est de participer" à propos des Jeux Olympiques.
  • en terme de mal-être, le fait de développer nos capacités à détecter, à identifier les moments de non alignement avec nos valeurs, et le cas échéant à pouvoir "rectifier le tir".
J'ai pu expérimenter moi-même depuis plusieurs années dans mes différentes sphères de vie la considération de la conjugaison avancement + alignement et en apprécier les impacts bénéfiques sur mon équilibre psychologique, et par ricochet sur les personnes que je côtoie. 

J'ai noté le cercle vertueux suivant : plus nous apprécions d'avoir été alignés avec nos valeurs, plus nous venons naturellement à introduire l'alignement des valeurs dans les objectifs des actions et dans le déroulement des actions. En cela, se développe une fluidité pour soi-même, dans les relations interpersonnelles et au sein de nos écosystèmes d'appartenance.

L'ambivalence est partout

Aussi bien pour l'avancement d'une action que pour l'alignement de l'action avec nos valeurs, l'impact sur les pensées, les émotions et les comportements est souvent contrasté : il y a du ressenti plus ou moins agréable et en même temps il y a du plus ou moins désagréable. On est loin d'une vision binaire des choses, où ça va ou ça ne va pas. Il y a au contraire de la nuance, du contraste, de l'ambivalence.

Probablement avez-vous déjà vécu une situation de vie où successivement à quelques minutes, heures ou jours vous avez répondu un "ça va" puis un "ça ne va pas" à un interlocuteur qui vous demande de vos nouvelles. Avec une remarque en retour par cet interlocuteur comme quoi vous dites tout ou son contraire ou qui vous refuse le droit au "ça ne va pas" sous prétexte que vous avez dit auparavant un "ça va".

Et il y a ambivalence et paradoxe sur l'ambivalence :
  • Certaines situations d'ambivalence étonnent, offusquent, énervent, font pointer du doigt alors que ça fait partie tout bonnement de la vie. Exemple : l'impatience conduit souvent à se mettre en tension inutilement pour des broutilles.
  • D'autres situations d'ambivalence laissent de marbre alors qu'il serait utile, gagnant-gagnant, voire indispensable d'y faire face et de les réduire. Exemple : (se) donner les moyens de pouvoir bien faire les choses et d'être fier de soi (je pense notamment de la fierté au travail)
Je donne ci-dessous quelques situations types d'ambivalence, en reprenant le schéma de la figure 1 utilisé comme grille d'évaluation : 











A noter pour cette ambivalence 5, un aspect auquel nous n'avons probablement pas suffisamment conscience : la pratique d'une valeur génère potentiellement de l'inconfort. Exemples : le courage face au danger, la persévérance face aux échecs, altruisme face aux situations où il serait commode de ne regarder que son propre intérêt. Plus généralement, il y a l'inconfort de résister à la facilité. 

Dans le prochain épisode, j'essaierai de répondre à la question suivante : que faire de l'ambivalence ?




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