dimanche 12 avril 2020

Confinement, bienveillance et reconnaissance : fin de parcours

Ce dimanche 12 avril 2020 s'achève le parcours que je vous ai proposé il y a deux semaines jour pour jour, le dimanche 29 mars 2020 autour de la reconnaissance et de la bienveillance En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance.



Je l'ai moi-même décliné dans mes écosystèmes d'appartenance, jour après jour, et j'espère qu'il vous aura donné des petits trucs, des stimulations pour apporter de la fluidité dans cette période propices aux tensions intrapersonnelles et interpersonnelles. L'objectif étant aussi de commencer ou de poursuivre un cheminement de transition, en souhaitant que vraiment l'après confinement s'ouvre sur un monde avec plus d'humanité et plus de coopération au sein de la biosphère, avec les autres qu'humains et une utilisation raisonnable et respectueuse des ressources de la nature.

En janvier 2019, j'avais réalisé un schéma donnant l'antithèse des 13 gestes de reconnaissance au quotidien. La voici mise à jour avec le 14ème geste :


Ce schéma met en évidence que l'antithèse de la reconnaissance relève de deux types :

  • l'absence de reconnaissance et donc l'absence des gestes promus dans les 13+1 gestes de reconnaissance ; une absence non intentionnelle qui est souvent causée par le manque de temps 
  • la non reconnaissance ou le déni de reconnaissance qui consiste à refuser ostensiblement la reconnaissance : refuser de remercier, refuser de faire confiance, ne pas vouloir aider voire mettre des bâtons dans les roues, ...
On peut ainsi tracer un continuum allant du moins reconnaissant au plus reconnaissant, avec 3 segments : 
  • la non reconnaissance et le feedback négatif
  • l'absence de reconnaissance et l'absence de feedback ; ce segment n'étant absolument pas neutre et créant clairement des risques à la santé mentale
  • la reconnaissance et le feedback positif.
Puisque ce parcours m'a permis de croiser la reconnaissance et la bienveillance, je veux mettre en évidence ici que s'agissant de la bienveillance, nous retrouvons dans ma modélisation de la bienveillance le même type de continuum avec les 3 segments :

  • la malveillance
  • l'absence de bienveillance ; ce segment étant lui aussi non neutre et porteur de risques pour la santé mentale
  • la bienveillance.


Et puisqu'une de mes motivations à la création de ce parcours était de réduire les risques de tensions et d'agressivité (voire de violences) au sein des foyers, il me semble important en cette fin de parcours de situer les enjeux de la bienveillance, qui vont au-delà de ne pas franchir le terrain de la malveillance, de la maltraitance, de la violence ... 

Et pour ce faire je m'appuie sur le tableau suivant de ma conception :

Je distingue 3 types d'actes :
  • faire du bien
  • faire du mal
  • signaler/dénoncer le mal (notamment fait à autrui, mais aussi à soi-même)
Et il y a l'antithèse :
  • ne pas faire le bien que l'on pourrait faire
  • ne pas faire du mal alors qu'on pourrait être tenté de le faire parce que c'est la facilité (s'énerver verbalement contre quelqu'un, donner une gifle à un enfant, ...)
  • ne pas signaler/dénoncer le mal (par exemple des violences apparemment commises chez les voisins du dessus)
De ce tableau j'ai déduit 3 dimensions ou 3 dynamiques indissociables de la bienveillance (Bienveillance 3D) :


En notant bien que la bienveillance ne saurait se limiter à ne pas être malveillant. Ces trois dimensions étant présentées dans une logique du "ET" : il faut travailler à la bienveillance sur ces trois dimensions, en n'en laissant de côté aucune.

Et j'ai déduis 3 types d'accro possibles de la bienveillance :


Je les ai rangés par ordre décroissant de gravité. Ils apparaissent dans une logique de "OU" : une quelconque de ces situations pose un problème de bienveillance.

Et la bienveillance maintenant, c'est le déconfinement ?

En cette période de confinement, j'espère avoir toute la lucidité et la reconnaissance suffisante pour avoir suffisamment conscience de ce en quoi ma situation de confinement est facile.

Une partie de moi me fait espérer que cette période de confinement inscrira dans notre société et dans notre quotidien des habitudes de comportements coopératifs suffisamment fortement pour qu'ils se substituent à d'autres habitudes caractéristiques de la société de consommation et de la compétition. Et pour ce faire, il faut que cette période dure suffisamment longtemps. Par ailleurs, il y a ma bienveillance pour les soignants qui me fait être convaincu que cette période doit durer le temps qu'il faut pour ne pas les mettre dans des situations encore plus difficiles et dramatiques que maintenant, et notamment ne pas créer de situations où ils seraient obligés de sélectionner les personnes qui pourraient être sauvées (les autres ne pouvant l'être faute notamment de respirateurs).

Et une autre partie de moi pense à toutes les personnes qui souffrent par peur du virus, par angoisse face à l'avenir, en difficulté financière, en tension dans un quotidien de promiscuité, éloignées de leurs proches, loin de chez elles (notamment celles bloquées à l'étranger), dans la solitude, dans la faim, qui voient jour après jour se rapprocher la menace d'une faillite, qui sont en attente d'une opération jugée non urgente ou d'une consultation qui leur permettrait de soulager leur quotidien ... Ma bienveillance voudrait que le déconfinement démarre le plus vite possible.

Cette ambivalence montre que la bienveillance n'est pas chose facile et qu'il faut savoir hiérarchiser. La hiérarchisation amenant à des prises de décisions qui ne sont jamais neutres et font souvent des victimes directes ou collatérales.

La bienveillance doit aller aussi envers celles et ceux qui doivent prendre des décisions au nom d'une communauté (local, régionale, nationale, internationale) : il est tellement facile de critiquer dans son fauteuil. Bien que très vigilant à mettre le juste niveau d'indulgence, je me surprend moi aussi à émettre des jugements sans indulgence vis-à-vis de certaines décisions qui me semblent peu rationnelles. C'est donc un vrai effort d'indulgence dont nous avons besoin. Ce qui ne veut pas dire non plus que nous ne devons pas avoir un esprit critique.

J'aurai l'occasion de publier d'autres articles autour de la bienveillance et n'hésitez pas à exprimer vos avis, questions, attentes, témoignages, ... sur le sujet en mettant un commentaire à cet article.

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