jeudi 3 septembre 2020

Chronique sur la Bienveillance - Episode 2

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Cet article contient une (des) ressource(s) mise(s) en commun par Olivier Hoeffel

Voici le 2ème épisode de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité dans le cadre de mon travail de modélisation d'une Société de la Bienveillance.

Grâce à l'article Reconnaissance, bienveillance: de nouvelles relations entre profs et élèves, je franchis comme pour le premier épisode les frontières de la France : il s'agit cette fois-ci de la Belgique avec Luc, enseignant à l’Institut Saint-Louis à Namur. Il exprime son appréciation d'une bienveillance qu'il n'avait jamais côtoyé en trente-six ans de carrière : l'attention et la bienveillance d'élèves envers lui. Une bienveillance qui s'exprime dans les messages (probablement email) qu'il reçoit en retour de ses propres messages à destination des élèves pour l'éducation à distance mise en place dans le cadre du confinement. Des messages demandant de ses nouvelles et l'invitant à prendre soin de lui. Et même s'il est possible que cela relève plus de la formule de politesse que d'une réelle attention, il est assez peu commun d'envisager qu'un élève puisse porter attention à celle ou celui qui contribue à son enseignement.


Dans les livres de développement personnel et sur les sites internet qui abordent cette aspiration, il est assez courant de lire des conseils sur la bienveillance invitant à commencer à être bienveillant avec soi-même avant de chercher à être bienveillant avec autrui.

De mon point de vue, il n'y a pas forcément de préalable à la bienveillance à autrui (soi-même puis seulement après, autrui) ; je vois plutôt la conjugaison de 3 dynamiques indissociables :

  • ma bienveillance envers autrui (qui mérite d'être élargie aux autres qu'humains)
  • ma bienveillance envers moi-même
  • et la bienveillance qu'autrui peut/doit me donner. Cela nécessite de l'assertivité (affirmation de soi bienveillante) pour inviter autrui à la bienveillance envers moi si elle est en défaut
Il est important de considérer que la bienveillance envers moi-même ne peut se jouer efficacement que si autrui légitime cette bienveillance à moi-même ; si possible autrui peut aussi apporter sa contribution pour faciliter cette bienveillance à moi-même. Sinon, l'invitation à la bienveillance à soi-même ne serait qu'une injonction culpabilisante puisque non opérante, voire contre-productive (on demande à quelqu'un de prendre soin de lui-même alors que rien ne l'y autorise vraiment ni l'aide dans ce sens).
Je donne un exemple concret : si moi,mère de famille, veux prendre la décision de consacrer un peu de temps à une activité pour moi, il est important que mon conjoint et mes enfants l'acceptent avec bon cœur, et si possible donc, me facilitent la mise en place de cette activité ; notamment, au minimum, en m'aidant à ne pas culpabiliser de m'octroyer du temps pour moi. 

En notant que la bienveillance à 360° va de paire avec les fonctionnements gagnant-gagnant : une mère de famille qui peut s'épanouir dans toutes les sphères de vie tout en jouant sa responsabilité envers la cellule familiale, c'est bon pour la cellule familiale et les membres qui la composent. Apprendre à un enfant à tenir compte des aspirations et attentes des autres membres de la cellule familiale, y compris de celles de ses parents, contribue à la construction de sa personnalité et le développement d'un futur citoyen responsable et prévenant envers autrui. La bienveillance ne s'apprend pas seulement par celle qu'on reçoit mais aussi tout autant par la bienveillance que l'on dispense généreusement et joyeusement autour de soi. La bienveillance s'apprend en la pratiquant.

Ressort de mes propos une idée fondamentale que j'avais abordé en 2017 sur le site laqvt.fr (actualité de la Qualité de Vie au Travail) : l'attention réciproque, qui s'entend ici comme la bienveillance réciproqueLa réciprocité dans la bienveillance est particulièrement à explorer pour les relations asymétriques. Quelques exemples :
  • la relation parent-enfant : un enfant peut prendre soin de ses parents dès le plus jeune age et pas seulement quand ils approchent de la fin de vie et qu'ils perdent de l'autonomie
  • la relation enseignant-élève : un élève (individuel) et une classe (collectif) peuvent prendre soin de leurs enseignants et des autres personnels
  • la relation soignant-malade : un malade peut prendre soin des soignants, notamment en évitant l'égocentrisme, voir son seul propre intérêt et considérer la relation avec le soignant comme une relation client/fournisseur avec le client comme roi
  • la relation hiérarchique au travail : le membre d'une équipe (individuel) et l'équipe (collectif) peuvent prendre soin du chef d'équipe
  • la relation élu/administré, à petite distance des dernières élections municipales : les administrés peuvent prendre soin des élus et des employés municipaux et ne pas envisager les choses de manière unilatérale, à savoir que les élus seraient à leur entière disposition, à toute heure du jour et de la nuit.
La réciprocité renvoie à l'idée d'effet miroir : je suis bienveillant avec toi, tu es bienveillant avec moi. Je suis bienveillant avec moi et je trouve normal que tu sois bienveillant avec toi-même. Et j'évite de porter des jugements faciles qui conduiraient à un paradoxe : je me donne le droit d'être bienveillant envers moi-même et par contre je te refuse ce droit pour toi-même en te trouvant narcissique, égocentré et/ou complaisant envers toi-même : "Tu t'écoutes trop ! Voilà mon avis !". Sortir des jugements faciles (assis sur des croyances, des méconnaissances et/ou un déficit d'empathie) nécessite de mobiliser son énergie pour aller à la rencontre de l'autre pour découvrir 3 grandes dimensions de ce que j'ai appelé l'Attention Réciproque :
  • la réalité de ta vie ou de ta situation
  • ta perception de ta réalité
  • tes aspirations et attentes
La bienveillance se concrétise par la succession de deux mouvements vers l'autre : 
  1. la curiosité, l'exploration et l'échange, 
  2. puis l'altruisme
L'efficacité d'une action altruiste dépend très nettement de la bonne connaissance que l'on a pu acquérir de la réalité, de la perception et des aspirations (3 dimensions de l'Attention Réciproque) de la personne dont on cherche à prendre soin.

Alors, portons-nous intérêt les uns les autres et prenons soin à la fois de nous-mêmes et des différentes personnes que nous croisons à l'occasion de cette rentrée, même s'il nous semblerait plus logique que la bienveillance devrait par essence venir d'elles envers nous-mêmes. Bonne rentrée à vous !





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