jeudi 6 janvier 2022

La bienveillance : très envie de ne pas chercher à emmerder - Chronique sur la Bienveillance - Episode 39

 


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Voici le 39ème épisode - de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité dans le cadre de mon travail de modélisation d'une Société de la Bienveillance.
Cette chronique qui vous semblera probablement plus politique que d'habitude m'a été inspirée par la phrase suivante qui tourne en boucle dans les médias depuis hier et sur laquelle je ne m'arrête pas au même endroit.

Cette phrase a été tenue par le chef d'Etat qui s'est exprimé, dans un drôle d'état selon moi :

"Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie"

Qu'un chef d'Etat utilise un mot cru, honnêtement - et là je pourrais évidemment utiliser une expression crue moi aussi faisant référence aux attributs masculins par exemple - cela ne m'a fait ni chaud, ni froid.

En revanche, mon cheminement vers plus de bienveillance dans mon attitude et dans la société dans laquelle nous vivons a suscité de la tristesse et une indignation modérément intense sur d'autres mots de la phrase et sur la tonalité telle que je la reçois : 


  • "J'ai très envie" que j'entends comme une forme d'excitation, de jouissance, peut-être même d'esprit de revanche ... à vouloir emmerder. A noter que des formulations comme "Je vais emmerder" ou "je veux emmerder" ont une tonalité différente
  • "Jusqu'au bout" qui peut ajouter une forme de perversité à ce que j'évoque ci-dessus (d'autres y verront une détermination auquel cas, je ne comprends pas bien l'importance d'avoir 100% de personnes vaccinées)
Un état d'esprit, et une attitude qui sont à l'opposé de ma conception de la bienveillance. 

Je considère que ni le chef d'Etat, ni la population vaccinée, dont une partie non négligeable s'est faite vaccinée non pas par conviction mais sous la pression, n'a à régler de compte avec les personnes non vaccinées, dont une partie n'est pas forcément contre la vaccination, mais indécise.

Que des comportements violents de quelques antivaccins contre la covid, et des fausses informations délibérément répandues puissent être dénoncées, je n'y vois pas d'égratignure à la bienveillance. Que des soignants puissent exprimer leur ras-le-bol, leur désespoir, leur sentiment de gâchis, que des personnes vaccinées puissent exprimer leur peur et leur frustration, ... tout cela est bien compréhensible. Ensuite, il faut interroger le COMMENT on s'exprime et ce qu'on projette sur les responsables que l'on incrimine (voire quelques fois que l'on désigne bien vite en coupables). La bienveillance tient dans le "COMMENT". Et la CNV (Communication Non Violente) peut être aidante en la matière. Une CNV qui n'a absolument rien à voir avec la langue de bois.

Cela me donne l'opportunité de présenter à nouveau les 3 grands élans indissociables que je vois en matière de bienveillance :


Si on peut considérer que l'attitude du chef de l'Etat par ses mots relève de la 3ème dimension - vouloir dénoncer, que je ne conteste pas puisque moi-même j'en use face à ses propos, en revanche ses mots évoquent l'idée de faire du mal et donc à l'opposé de ma 2ème dimension ci-dessus "Ne pas faire du mal". Et par ailleurs, concernant la dénonciation, encore faudrait-il avoir la raison et la justice de considérer la population des non-vaccinés comme hétérogène, et notamment avec des personnes qui ne sont pas forcément vent debout, mais hésitantes en se demandant si leur responsabilité et leur bienveillance pour elles-mêmes et pour autrui est de se faire vacciner ou non.

Autrement dit, j'essaye de dénoncer ici de manière non violente, une dénonciation du chef de l'Etat qui comporte selon moi un caractère malveillant alors que j'attends en tant que citoyen qu'un chef d'Etat soit bienveillant dans les 3 dimensions indissociables évoquées ci-dessus. Un  chef d'Etat n'est pas là pour mettre de l'huile sur le feu. Il n'est pas là pour obtenir de l'obéissance mais nourrir et cultiver l'entendement, le libre arbitre et le libre consentement du citoyen. Et cela manquerait de lucidité et d'humilité (le 2ème comportant une dose du 1ier) que de croire que 100% de la population puisse être d'accord avec telle ou telle direction.

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