mardi 28 septembre 2021

Santé mentale et bienveillance - Chronique sur la Bienveillance et la rentrée - Episode 35

 



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Voici le 35ème épisode de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité dans le cadre de mon travail de modélisation d'une Société de la Bienveillance.
Cette chronique m'a été inspirée par la tenue depuis hier lundi 27/09/2021 jusqu'à aujourd'hui mardi 28/09 des Assises de la santé mentale voulues par le Président de la République en 2019, prévues en 2020 et reportées pour cause de confinement.

Santé et santé mentale

Je reprends une nouvelle fois dans mes articles la définition de la santé par l'OMS :

"La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité".

La santé mentale est donc une composante indissociable des deux autres composantes de la santé (physique et sociale). 


En s'inspirant de cette définition, la santé mentale ne se réduit pas à l'absence de maladie ou de trouble mental. L'enjeu en matière de santé mentale est donc non seulement la prise en charge et la prévention des maladies et troubles psychique mais aussi de promouvoir et de contribuer au bien-être psychique.

L'OMS ayant travaillé à une définition propre de la santé mentale :

"La santé mentale est un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté".

3 dimensions de la santé mentale sont énoncées sur Santé publique France :
  • la santé mentale positive (contribuant à l'état de complet bien-être physique, psychique et social) ;
  • la détresse psychologique réactionnelle ; c'est la réaction à un événement traumatique ou à une difficulté existentielle ;
  • les troubles psychiques de durée variable ; ils peuvent être liés à des facteurs génétiques.

Force est de constater que les systèmes de santé sur la planète sont très très loin du compte, avec déjà une véritable insuffisance de prise en charge des maladies et troubles dont le nombre s'est élevé avec la crise du Covid, notamment chez les jeunes et les personnes âgées.

A noter que 4 des 10 principales causes mondiales d'incapacité sont liées à des problèmes de santé mentale : la dépression (N°1), les problèmes d'alcool (N° 5), la schizophrénie (N°7), les troubles bipolaires (N°9).

Les idées toutes faites

La reconnaissance de la santé mentale et des malades se heurte à des idées toutes faites qu'il s'agit encore de déboulonner.

En voici quatre particulièrement fréquentes :
  • les maladies mentales assimilées à la folie ou à la démence ; le terme "malade mental" étant lui-même connoté "fou" ;
  • un certain nombre de maladies et de troubles, notamment la dépression et les troubles anxieux étant mis par beaucoup sur le compte d'un manque de volonté et de ne pas savoir prendre sur soi ;
  • psy = psychanalyse, avec une grande confusion sur les différences qu'il y a entre psychiatre, psychologue, psychothérapeute, psychanalyste. Et j'en profite pour les exposer car il n'est pas forcément facile de s'y retrouver :
    • un·e psychiatre est un médecin, avec une spécialisation "psychiatrie", dont les séances sont remboursées par la Sécurité Sociale. Il peut délivrer des médicaments et prescrire une hospitalisation ; et selon leur orientation, ils utilisent une ou plusieurs méthodes de psychothérapie (voire aucune, se limitant au diagnostic et à la prescription de médicaments)
    • un·e psychologue a un diplôme universitaire en psychologie. C'est une profession réglementée. Il peut exercer en libéral ou en hôpital. Il n'est pas remboursé par la Sécurité Sociale et ne peut pas délivrer d'ordonnance médicale. A noter qu'un docteur en psychologie n'est pas pour autant médecin (au même titre qu'un docteur en droit, ... ne l'est pas). Tous les psychologues ne s'adressent pas spécifiquement à la santé mentale. Il s'agit notamment des psychologues cliniciens ou clinique
    • "psychothérapeute" n'a pas été un titre encadré légalement pendant longtemps. On pouvait s'autoproclamer ainsi et ouvrir son cabinet. Il est maintenant nécessaire de suivre depuis 2010 une formation en psychopathologie clinique (cf page internet dédiée de l'ARS IDF)
      Mais en même temps, "psychothérapeute" est aussi un qualificatif porté par des médecins et psychologues cliniciens qui utilisent une ou plusieurs méthodes de psychothérapie dans leur activité (méthodes dont ils ont suivi aussi une formation)
    •  un·e psychanalyste n'est pas un titre encadré légalement. Un peu comme pour le qualificatif "psychothérapeute", le qualificatif "psychanalyste" fait référence à une activité de psychanalyse exercée par des psychiatres, des psychologues mais aussi par n'importe quel individu ayant suivi une cure analytique pendant plusieurs années et ayant décidé de pratiquer la psychanalyse pour autrui, sous la supervision d'un psychanalyste plus expérimenté. Historiquement, la psychanalyse s'est confondue avec la psychothérapie en France qui reste un des pays où elle est la plus présente alors que dans de nombreux pays, elle a fait place à d'autres psychothérapies dont certaines sont préconisées par l'OMS ; il s'agit notamment les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC), les Thérapies familiales, l'Art thérapie, ... . A noter que l'imagerie médicale a été fortement aidante pour faire la preuve que certaines thérapies donnent des résultats aussi bons voire meilleurs que des médicaments pour certains troubles, et notamment pour la dépression et les troubles anxieux (et la psychanalyse n'en fait pas partie à ma connaissance).
  • dépression =  antidépresseur et anxiété = anxiolytique ; on entend souvent que la France possède un triste record : celui d'être le pays le plus consommateur d'antidépresseurs. En réalité, la France se situe sous la moyenne, avec environ 60 cachets pour 1 000 habitants. Pour autant, c'est très interpellant de savoir que bon nombre de prescriptions pourraient être remplacées par plus d'écoute et par l'orientation vers des méthodes psychothérapeutiques, encore faudrait-il qu'il y ait suffisamment de professionnels exerçant des psychothérapies prises en charge par la Sécurité Sociale

Le besoin criant d'une vision holistique et d'un travail sur les préjugés

Tout au long de ma vie, j'ai été frappé autour de moi en quoi notre système de santé et notre culture est incapable de considérer de front et de manière indissociable la santé physique ET la santé mentale ET la santé sociale. Et même au sein d'une même catégorie (notamment la santé physique), en quoi le cloisonnement des spécialités de médecine fait considérer la santé et les troubles par un très petit bout de la lorgnette, et souvent avec une focalisation sur des symptômes. Et malheureusement, combien de fois j'ai vu des malades autour de moi se faire trimbaler comme des patates chaudes ou des balles de ping-pong d'un spécialiste à un autre, laissant au malade la responsabilité de faire un liant qui n'est pas toujours écouté.

Je ne veux pas en faire une généralité, mais que nous sommes loin d'une vision holistique où chaque professionnel de santé considère le patient et sa santé dans sa globalité et se considère comme une partie prenante faisant équipe avec d'autres pour aider le malade à faire face à sa maladie, la traiter et si possible la guérir.

Nous avons besoin aussi que l'individu lui-même et son entourage porte un œil bienveillant sur le possible trouble mental, sans honte, sans (auto-)culpabilisation, dans la compassion, dans le soutien.

Pourquoi n'aurions-nous pas autant de compassion envers quelqu'un dans notre entourage qui est en dépression qu'un autre qui a des problèmes cardiaques ? Au même titre que pourquoi avons-nous un frein intérieur très fort à faire face à une baisse de notre audition et à nous appareiller, alors que la baisse de notre vue nous conduit presque sans sourciller à foncer chez l'opticien, et plutôt deux fois qu'une (en faisant référence à la possibilité de s'équiper de deux paires de lunettes pour le prix d'une) ?

Une discipline de la psychologie pour aborder la santé mentale positive : la psychologie positive

Puisque je m'intéresse depuis plusieurs années à la psychologie positive, il ne m'est pas possible d'oublier cette discipline dans cette chronique concernant la dimension positive de la santé mentale et de la santé au sens le plus large.

La naissance de la psychologie positive date de la fin des années 1990. Elle s'intéresse aux facteurs qui créent le bien-être de l'individu et de nos sociétés, prenant le contre-pied de toutes les recherches précédentes de la psychologie s'intéressant aux maladies et aux troubles. 

L'intérêt de cette discipline est qu'elle a fait l'objet de nombreux ouvrages à destination du grand public et qu'il est possible de s'approprier des techniques sans faire forcément appel à un professionnel de la santé mentale. Voici quelques auteurs de référence : à l'international : Tal Ben Shahar, Martin Seligman, Robert Emmons (gratitude), Mihaly Csikszentmihalyi (notion de "flux"), Sonja Lyubomirsky, Gretchen Rubin, Barbara Fredrickson (émotions positives) et francophonie : Jacques Lecomte, Rébecca Shankland (notamment la gratitude), Ilios Kotsou, Florence Servan-Schreiber, Christophe André (par ailleurs spécialiste des TCC et de la méditation).

De la bienveillance dans toutes les directions

Nous avons besoin de cultiver la bienveillance dans plusieurs directions :
  • la bienveillance du malade envers lui-même ; on sait par exemple que pour une personne en dépression, il n'y a pas pire que s'autoflageller parce qu'on n'arrive pas à s'en sortir ;
  • la bienveillance de l'entourage vis-à-vis de la personne qui souffre d'un trouble ou d'une maladie mentale ; une bienveillance avec un équilibre pas toujours facile à trouver entre la compassion, la stimulation et une affirmation de soi bienveillante (notamment pour fixer des limites) ;
  • la bienveillance des professionnels de santé envers le malade, et en particulier le temps de l'écoute qu'ils peuvent accorder ;
  • la  bienveillance des professionnels de santé par rapport à eux-mêmes, et en particulier pour qu'ils prennent soin de leur propre santé ;
  • la bienveillance du système de santé envers les malades ; à savoir les moyens donnés pour une véritable prise en charge des malades et pour la prévention et pour la culture de la santé mentale positive ;
  • la bienveillance du système de santé et de la population envers les soignants ; à savoir les moyens et le temps donné pour qu'ils puissent aller au-delà que de donner des médicaments parce que c'est encore le moyen le plus économique en temps pour prendre en charge les malades ;
  • la bienveillance du citoyen envers le système santé ; il est facile de critiquer notre système de santé et je n'hésite pas à le faire. Mais il faut savoir aussi apprécier et gratifier ce qui est appréciable ; il faut savoir apporter sa contribution à une transformation du système de santé et ne pas s'enfermer dans une critique fortement teintée d'amertume, de ressentiment et de stigmatisation.






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