dimanche 17 janvier 2021

Acceptation ET résistance - Chronique sur la Bienveillance - Episode 19

 


Vous voulez suivre l'actualité de ce blog ? Abonnez-vous ! 

Voici le 19ème épisode de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité dans le cadre de mon travail de modélisation d'une Société de la Bienveillance.

Cette chronique fait écho à une interview de la philosophe Barbara Stiegler sur France Culture, dont une vidéo de 3mn a été publiée le 12 janvier dernier.   

Elle développe l'idée que la pandémie, et encore plus la communication autour de la pandémie a sidéré les esprits. Cette sidération nous a fait passer selon elle dans un régime d'exception qui nous fait accepter tout et n'importe quoi, y compris l'inacceptable. Si je résume : quand exception rime avec acceptation.

Elle met en exergue le cercle vicieux de la défiance : comme la population est défiante vis-à-vis des décideurs, les décideurs se replient sur des décisions limitant la démocratie. 
Et effectivement - là, on passe à mon analyse - force est de constater que le gouvernement ne demande pas l'avis à la population et même quelques fois même pas l'avis des autorités locales. Il demande l'avis aux experts, mais reste décisionnaire en prenant plus ou moins compte de leurs avis qui peuvent être divergents. En cela, que le gouvernement tranche, je n'y vois pas de problème, en soi. Mais je dénonce l'infantilisation de la population à qui il ne reste que le pouvoir de la réaction, avec deux grands types de posture possibles : l'acceptation - fortement poussée - ou la résistance. En réalité, on peut être moins binaire que cela et considérer plusieurs types de réaction (de manière non exhaustive) :
  • l'acceptation et la promotion de la décision
  • l'acceptation parce qu'on est particulièrement en accord avec la décision
  • l'acceptation de bonne grâce
  • l'acceptation en ronchonnant
  • l'acceptation en mettant des conditions (pas vraiment possible dans la situation actuelle)
  • l'acceptation par exception en rappelant au respect de principes ou en demandant qu'à l'avenir les décisions soient prises autrement
  • la résistance dans les mots mais l'acceptation dans les actes
  • la résistance en faisant autrement
  • la résistance en faisant semblant d'accepter, et en trichant
  • une résistance revendiquée mais non violente
  • une résistance revendiquée violente
A ce cercle vicieux de la défiance, je cherche à contribuer au développement d'un cercle vertueux de la confiance et de la responsabilité, à toutes les strates de la société. En cultivant la confiance, bon nombre de mesures de contraintes dictées par le gouvernement, pourraient relever d'une co-décision et de la conjugaison de la bienveillance, de la confiance, de la responsabilité, de la citoyenneté, de la justesse, de la tempérance, de la raison, ...
Car plus le gouvernement infantilise la population, plus il prend les risques inutiles suivant : l'enfant qui se soumet sans être convaincu et l'enfant rebelle qui aura tendance à tout refuser.

Réflexivité et Discernement

Barbara Stiegler évoque dans cet entretien l'importance de la réflexivité. Une réflexivité qu'elle appelle à activer quand on nous impose des décisions. Une réflexivité que j'oppose à la réaction passive d'acceptation ou la réaction épidermique.
Avant d'évoquer la réflexivité, elle parle d'un autre enjeu : trouver des points d'appui. Cela résonne avec la série d'articles que j'ai publiée sur laqvt.fr : De l'impuissance solitaire à la puissance coopérative. Réfléchir, prendre du recul à plusieurs a un double avantage : la confrontation des idées et la recherche de solutions alternatives que l'on peut activer à plusieurs. Par contre, il faut être vigilant à un piège : tourner en rond avec des personnes qui ont exactement le même avis que soi et rester dans l'immobilisme et le ressentiment ... et au bout du compte ruminer collectivement en se renforçant dans le ressentiment.

La réflexivité permet de sortir de la vision binaire, d'introduire de la nuance et de mobiliser nos capacités au discernement pour une prise de décision éclairée, prenant en considération les imperfections qu'elle peut engendrer. C'est un enjeu d'autant plus grand dans des situations mêlant l'incertitude et la complexité (beaucoup de dimensions qui s'entrecroisent). Un discernement qui permet de mieux articuler acceptation ET résistance, et également tolérance ET indignation (cf ma 16ème chronique Tolérance ET Indignation).



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire